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Ici ou ailleurs : cette rubrique vous est réservée ! Elle vous permettra de partir à l'aventure, hors des sentiers battus donc, à travers les récits de coureurs de la région qui sont en quête d'horizons nouveaux. Ce sera donc l'occasion de faire vos valises et de découvrir des contrées lointaines... et pourquoi pas de vous laisser tenter à votre tour. En tout cas n'hésitez pas à nous faire part de vos témoignages avec quelques photos à l'appui. Embarquez avec nous dans la rubrique "évasion!". Comme une invitation au voyage. Ici ou ailleurs : cette rubrique vous est réservée ! Elle vous permettra de partir à l'aventure, hors des sentiers battus donc, à travers les récits de coureurs de la région qui sont en quête d'horizons nouveaux. Ce sera donc l'occasion de faire vos valises et de découvrir des contrées lointaines... et pourquoi pas de vous laisser tenter à votre tour. En tout cas n'hésitez pas à nous faire part de vos témoignages avec quelques photos à l'appui. Embarquez avec nous dans la rubrique "évasion!". Comme une invitation au voyage. Un 21km pour Mathieu en Tunisie !« J’ai toujours aimé le désert, on s’assoit sur une dune de sable, on ne voit rien, on n’entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence. » L’acte 1 de cette histoire est une tragédie, un fait troublant qui noue encore les gorges, un élément déclencheur dont on ne peut, par déférence, détailler outre mesure la narration au moment de faire le récit de cette aventure. Douz, au sud de la Tunisie, les portes du désert. Douz, la porte du Sahara s’ouvre une portion du plus grand désert du monde. Elle est réputée parce qu’au-delà de la cité, la terre recouverte de pierres cède peu à peu la place aux dunes de sable blanc et fin. Il fait démesurément chaud. Le Sahara est lumineux et offre des paysages particulièrement photogéniques. L'erg se façonne en collines, en vallées, en crêtes et ridules dessinées au gré du vent. Les épineux ont remplacé la caillasse. De loin en très loin, un bouquet de palmiers semble vouloir signifier la présence d’un point d’eau. Les caravanes de dromadaires d’autrefois ont laissé la place aux activités touristiques, bien établies, vitales pour les autochtones quand l’actualité du monde rapportée par les médias ne ternit pas leur essor. Des raids en 4X4, en moto, en quads, en chameaux sont organisés tous les jours. Des méharées attirent les aventuriers en recherche de vide et de calme. Les Tunisiens ont toujours été accueillants, d’une gentillesse affable. Douz offre un recueil, un dépaysement, une porte vers le délassement. Eric et Marie Sanchez sont de ces visiteurs. Père et mère de famille varoise, Eric est pompier à Hyères, Marie y est assistante de direction, le couple chérit un fils unique, adoré par tous, Mathieu. L‘enfant est très lié à ses parents et partage avec passion leurs vacances. Depuis plusieurs années, Douz est le lieu de villégiature préféré de la petite famille. Le trio familial, friand de quad et de virées en 4x4, affectionne particulièrement la région et il y a pris ses habitudes. 2015, Mathieu a quinze ans, la force du premier âge et beaucoup d’envies, une énergie à revendre et des sensations à rechercher. Le quad l’attire et il s’y adonne. Nouveau prince dans le désert, le désert le remarque. Et la dune ouvre toute grande sa bouche béante… Dans cette région reculée, les secours sont nuls parce qu’inexistants. Le petit s’éteint pris par le dieu de la terre. Pas de voyeurisme, on partage aisément le chagrin des parents qui gardent pour eux leur douleur. Si leurs intimes larmes perlent sur le sable, le courage de ces gouttes d’eau, fussent-elles lacrymales, c’est qu’elles aient osé tomber dans le désert. Là où l’enfant est mort, il y aura la vie, décidons-le. Quatre ans plus tard, le chagrin est toujours présent. Discret, contenu, retenu, il ne se manifeste pas dans les relations sociales et personne n’en parle. Il a fallu surmonter l’épreuve et ce qui ne tue pas rend toujours plus fort. Le couple a aussitôt entrepris de faire construire un puits, un puits projeté puis creusé à 80 mètres sous le sol du désert, un puits pour amener l’eau là où leur enfant a été pris, là où il n’y avait plus de vie. « Bir Mathieu, à mon prince du désert », lit-on aujourd’hui sur la plaque attenante. Outre les formalités pour obtenir les autorisations requises, entreprendre sa construction, le fonctionnement du puits est effectif depuis le 12 avril 2016. Eric et Marie n’en restent pas là. Marie a ensuite eu l’idée d’organiser sur place un semi-marathon, une idée jaillie dans son esprit comme l’eau du puits, conçue pour perdurer le souvenir et tenir la dernière promesse qu’elle a faite à son enfant : le désert entendra très longtemps parler de lui. Elle a entrepris les démarches, cherché à connaître les aboutissants, les ficelles, les rouages. L’idée s’est répandue, le projet s’est divulgué. Azdine Ben Yacoub, l’ancien animateur de boxe tunisienne aujourd’hui reconverti en restaurateur près de Paris, moult fois organisateur du marathon des oasis, du semi-marathon de Djerba ou des week-ends trail à Tataouine dans le sud tunisien a tenu à inviter le couple à une conférence de presse donnée à Paris. Ils y ont rencontré Philippe Rémond, champion au palmarès impressionnant, ambassadeur du marathon français. Le garçon et sympa et affaire entendue, Philippe est devenu le parrain de la nouvelle course de Douz…. « 21 kilomètres pour Mathieu ». Avec le concours, l’aide et la protection du gouvernorat de Kébili, le gouverneur Sami Ghabi se montrant toujours très impliqué et investi, la première édition du semi marathon a été mise en place en 2017 et elle a aligné une centaine de coureurs au départ, initialement une soixante de Français, en grande partie des amis varois, proches et solidaires, venus en couples ou en familles se répartir sur l’un des deux épreuves proposées : les 21 km courus dans les dunes ou une randonnée pédestre de 10 km toute aussi éprouvante sous le soleil. Beaucoup de coureurs locaux se sont également alignés au départ. En 2018, la seconde édition s’est un peu plus étoffée. Le contingent français qui s’est déplacé était plus nombreux et le bouche à oreilles local a grossi le peloton. 140 coureurs au départ, l’épreuve s’est pérennisée et a donné aux organisateurs l’envie de poursuivre leurs efforts, très conséquents, et leurs investissements. D’un point de vue déjà historique, aux classements, c’est le Tunisien Lagaha Mosbah qui remporté les deux premières éditions. A deux reprises, le champion tunisien a imposé son talent en coiffant par deux fois le parrain français Philippe Rémond, 54 puis 55 ans, élogieux mais pas éternel second. Le Français Fabien Sévilla s’est lui classé deux fois troisième. La 3ème édition s’est déroulée le 19 octobre dernier. Gage de réussite, semi-marathon et marche ont attiré encore plus de monde,: une bonne centaine de Français, des Algériens, deux Anglais, un Américain et de nombreux Tunisiens. Deux-cents participants étaient attendus samedi matin au départ du semi-marathon donné à 10h au puits Mathieu, à quelques kilomètres de Douz. Même si certains coureurs locaux n’ont pas donné suite à leur préinscription, le peloton bigarré lâché aux ordres du starter était conséquent et s’est longuement étiré sur les dunes… L’aube du samedi. La première heure du jour est encore fraiche, la nuit noire étoilée a laissé place au bleu marine puis le ciel s’est embrasé, orangé. La lumière est vite devenue blanche, éblouissante et le thermomètre, comme chaque jour, est grimpé à vue d’œil. Après un petit déjeuner matinal et copieux pris à l’hôtel, une préparation minutieuse de son équipement, l’acheminement en 4X4 ordonné au point de départ a été orchestré à 7h30. Le puits Mathieu est isolé dans le désert. Que du sable à perte de vue, dans toutes les directions. Une cuve, un bassin, un simple bâtiment ouvert, vide. La plaque blanche, inscrite en Arabe et en Français « Bir Mathieu, à mon prince du désert » attire l’œil et incite à la pause devant chaque photographe. Un recueil. Chacun puise dans ses pensées, imagine et compatit à la cause. Beaucoup de respect et d’admiration. Puis l’endroit précis localisé s’anime. Les voitures déposent petit à petit par petits paquets la totalité des participants. Il fait déjà chaud. Le portique et les infrastructures de départ sont mises en place. La télévision tunisienne filme et suscite des interviews. L’ombre du bâtiment recueille les plus timorés. On se blottit dans une ombre toujours plus courte, On écoute son entourage. Les plus expérimentés conseillent, on partage des impressions. Tout le monde appréhende l’effort qui va être à fournir. 21 kilomètres dans le sable. A 10 h, la température dépasse 35°. Le parcours est minutieusement balisé. On sait d’où on part mais on ne sait pas où on va, là-bas, de l’autre côté de la dune qui dessine l’horizon. On sait juste qu’il y a 21 kilomètres à parcourir et que, plombé par le soleil, ébloui par le soleil, il va falloir composer avec le sable fin. L’excitation est générale. Echauffement sans doute succinct pour beaucoup, échanges de petits drapeaux pour souligner l’amitié franco-tunisienne, applaudissements généreux. Et le départ est donné. La plupart des coureurs locaux, tous très jeunes, partent en trombe, sans ménagement de monture. Le cheminement de ce qui ressemble à une piste parce qu’il y est passé quelques véhicules tout terrain reste hasardeux. Prohibées les ornières sablonneuses, le coureur encore alerte cherche sur les bas côtés des appuis plus solides, quitte à slalomer entre les arbustes épineux. Le sable fin rend difficile la progression. Il s’insinue dans les chaussures, pénètre les chaussettes et prive vite les orteils recroquevillés de quelques pointures. Entre les premiers et les derniers, la différence est énorme et le peloton s’effile très vite. La chaleur est pesante, elle étouffe et assomme. Dès les premiers mètres, on comprend très vite la difficulté de l’épreuve. On serre les dents. On pense à Mathieu. 21 kilomètres durant, 21 kilomètres pour Mathieu. Les maillots et les tempes s’humectent puis perlent à grosses gouttes. Les ravitaillements en eau et en dattes sucrées sont fréquents, espacés tous les trois kilomètres. Tout cela est parfaitement bien organisé. Boire, humecter une bouche séchée. Dès qu’ils le peuvent, les coureurs se vident aussi des bouteilles entières sur leur crâne brûlant, dans leur dos et sur leurs jambes tétanisées. Dès le lâcher de bipèdes, quelques locomotives tunisiennes, impétueuses étirent le train, avec le souci de se faire remarquer. Omar Selih, Mahdi Brinis, Abdel Berouk sont présomptueux. Ils emmènent avec eux Philippe Rémond, tenu à bien se placer. A 56 ans, le Marseillais se montre toujours aussi fringant. Fabien Sévilla suit à quelques encablures. Le vainqueur des deux premières éditions, Lagaha Mosbah, a pris un départ plus timoré, peut-être encore émoussé par un 100 km couru quinze jours plus tôt et concède une bonne centaine de mètres. Mais le garçon prend vite des tours et ne tarde pas à profiter de l’ambiance ensoleillée pour chauffer son organisme et ses longues jambes effilées. Au cinquième kilomètre, il accélère et fond sur ses rivaux. En tête, le Tunisien poursuit son effort. Les cocottes des adversaires bourrinent dans les cages thoraciques. Lagaha est le favori, il convient de ne pas céder, jusqu’à l’asphyxie. Seul Philippe Rémond accroche la foulée de Lagaha et le duo prend le commandement. Les autres relâchent leur impétueux effort et finiront relégués loin dans le classement. Philippe Rémond sait à qui il a affaire. Le Français tient à sa revanche et, bien en cannes, gère sa course dans la partie le plus sablonneuse. Au quatorzième kilomètre, le parcours traverse une longue palmeraie. L’ombrage n’y est pas total, loin de là, mais le poids du soleil y est moins pesant. Et surtout le sol offre sur deux kilomètres un revêtement ponctuel plus tassé, plus dur, plus tonique. L’adversaire a chaud et a quitté son maillot, il ahane. Philippe force et son allure toujours un peu plus rapide finit par décramponner Lagah. Le Tunisien ne lutte plus, abdique et laisse filer son titre. Fatigué, fracturé au moral peut-être, il relâche et déroule. Il ne saura pas non plus, plus tard, résister au retour d’Abderrahim Zhiou qui, revenu du diable vauvert, viendra au final, lui subtiliser le seconde place. Seul en tête, Philippe Rémond n’a plus qu’à gérer pour gagner la ligne d’arrivée. Il la franchira avec quatre minutes d’avance sur le second, Abderrahim Zhiou, six sur son compagnon d’échappée, adversaire désigné du jour, Lagaha Mosbah. Fabien Sévilla est cette année quatrième. Le porche de l’hôtel, le gouverneur Sami Ghabi, la télévision tunisienne, les bénévoles attachés à l’organisation, le rythme d’une darbouka, la lancinance d’une guita et d’un mezoued résonnants, Eric et Marie, accueillent d’abord en héros le vainqueur du jour comme ils honoreront les dizaines de coureurs éreintés qui vont le suivre. Première féminine, Hendaoui Chefia devance sa compatriote Imen Sassi et la Française Caroline Turpin, toute heureuse de sa performance. Les jambes sont certes un peu lourdes mais le cœur est si léger. La course est ici retranscrite, mais comment les émotions peuvent-elles se raconter ? Il faut les avoir vécues pour se rendre vraiment compte. Samedi soir fut fête. Tunisiens et français sont rentrés chez eux repus, courbatus mais comblés, la tête remplie d’images et de sens, heureux, vidés mais rechargés. Mohamed Essayem, commissaire de l’office du tourisme tunisien, partenaire de l’épreuve, saura, lors de son oratoire au briefing, trouver les mots justes : l’amour d’un enfant perdu a révélé le sentiment d’amitié qui lie les gens, Français et Tunisiens, tous unis dans le même effort. On ne rentre pas de 21 km pour Mathieu comme on en est parti. Trêve de salamalecs. Dans la plus grande discrétion, au bout de leurs forces, Eric et Marie ont bâché leur manège. Rendez-vous est donné le 18 octobre 2020. N’en rêvons pas, faisons ou refaisons-le. Branchez-vous : « associationpourmathieu .fr » et Inch’Allah.
Jules de Singo. Toutes les photos : ICI *-*Un 21km pour Mathieu en Tunisie !« J’ai toujours aimé le désert, on s’assoit sur une dune de sable, on ne voit rien, on n’entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence. » L’acte 1 de cette histoire est une tragédie, un fait troublant qui noue encore les gorges, un élément déclencheur dont on ne peut, par déférence, détailler outre mesure la narration au moment de faire le récit de cette aventure. Douz, au sud de la Tunisie, les portes du désert. Douz, la porte du Sahara s’ouvre une portion du plus grand désert du monde. Elle est réputée parce qu’au-delà de la cité, la terre recouverte de pierres cède peu à peu la place aux dunes de sable blanc et fin. Il fait démesurément chaud. Le Sahara est lumineux et offre des paysages particulièrement photogéniques. L'erg se façonne en collines, en vallées, en crêtes et ridules dessinées au gré du vent. Les épineux ont remplacé la caillasse. De loin en très loin, un bouquet de palmiers semble vouloir signifier la présence d’un point d’eau. Les caravanes de dromadaires d’autrefois ont laissé la place aux activités touristiques, bien établies, vitales pour les autochtones quand l’actualité du monde rapportée par les médias ne ternit pas leur essor. Des raids en 4X4, en moto, en quads, en chameaux sont organisés tous les jours. Des méharées attirent les aventuriers en recherche de vide et de calme. Les Tunisiens ont toujours été accueillants, d’une gentillesse affable. Douz offre un recueil, un dépaysement, une porte vers le délassement. Eric et Marie Sanchez sont de ces visiteurs. Père et mère de famille varoise, Eric est pompier à Hyères, Marie y est assistante de direction, le couple chérit un fils unique, adoré par tous, Mathieu. L‘enfant est très lié à ses parents et partage avec passion leurs vacances. Depuis plusieurs années, Douz est le lieu de villégiature préféré de la petite famille. Le trio familial, friand de quad et de virées en 4x4, affectionne particulièrement la région et il y a pris ses habitudes. 2015, Mathieu a quinze ans, la force du premier âge et beaucoup d’envies, une énergie à revendre et des sensations à rechercher. Le quad l’attire et il s’y adonne. Nouveau prince dans le désert, le désert le remarque. Et la dune ouvre toute grande sa bouche béante… Dans cette région reculée, les secours sont nuls parce qu’inexistants. Le petit s’éteint pris par le dieu de la terre. Pas de voyeurisme, on partage aisément le chagrin des parents qui gardent pour eux leur douleur. Si leurs intimes larmes perlent sur le sable, le courage de ces gouttes d’eau, fussent-elles lacrymales, c’est qu’elles aient osé tomber dans le désert. Là où l’enfant est mort, il y aura la vie, décidons-le. Quatre ans plus tard, le chagrin est toujours présent. Discret, contenu, retenu, il ne se manifeste pas dans les relations sociales et personne n’en parle. Il a fallu surmonter l’épreuve et ce qui ne tue pas rend toujours plus fort. Le couple a aussitôt entrepris de faire construire un puits, un puits projeté puis creusé à 80 mètres sous le sol du désert, un puits pour amener l’eau là où leur enfant a été pris, là où il n’y avait plus de vie. « Bir Mathieu, à mon prince du désert », lit-on aujourd’hui sur la plaque attenante. Outre les formalités pour obtenir les autorisations requises, entreprendre sa construction, le fonctionnement du puits est effectif depuis le 12 avril 2016. Eric et Marie n’en restent pas là. Marie a ensuite eu l’idée d’organiser sur place un semi-marathon, une idée jaillie dans son esprit comme l’eau du puits, conçue pour perdurer le souvenir et tenir la dernière promesse qu’elle a faite à son enfant : le désert entendra très longtemps parler de lui. Elle a entrepris les démarches, cherché à connaître les aboutissants, les ficelles, les rouages. L’idée s’est répandue, le projet s’est divulgué. Azdine Ben Yacoub, l’ancien animateur de boxe tunisienne aujourd’hui reconverti en restaurateur près de Paris, moult fois organisateur du marathon des oasis, du semi-marathon de Djerba ou des week-ends trail à Tataouine dans le sud tunisien a tenu à inviter le couple à une conférence de presse donnée à Paris. Ils y ont rencontré Philippe Rémond, champion au palmarès impressionnant, ambassadeur du marathon français. Le garçon et sympa et affaire entendue, Philippe est devenu le parrain de la nouvelle course de Douz…. « 21 kilomètres pour Mathieu ». Avec le concours, l’aide et la protection du gouvernorat de Kébili, le gouverneur Sami Ghabi se montrant toujours très impliqué et investi, la première édition du semi marathon a été mise en place en 2017 et elle a aligné une centaine de coureurs au départ, initialement une soixante de Français, en grande partie des amis varois, proches et solidaires, venus en couples ou en familles se répartir sur l’un des deux épreuves proposées : les 21 km courus dans les dunes ou une randonnée pédestre de 10 km toute aussi éprouvante sous le soleil. Beaucoup de coureurs locaux se sont également alignés au départ. En 2018, la seconde édition s’est un peu plus étoffée. Le contingent français qui s’est déplacé était plus nombreux et le bouche à oreilles local a grossi le peloton. 140 coureurs au départ, l’épreuve s’est pérennisée et a donné aux organisateurs l’envie de poursuivre leurs efforts, très conséquents, et leurs investissements. D’un point de vue déjà historique, aux classements, c’est le Tunisien Lagaha Mosbah qui remporté les deux premières éditions. A deux reprises, le champion tunisien a imposé son talent en coiffant par deux fois le parrain français Philippe Rémond, 54 puis 55 ans, élogieux mais pas éternel second. Le Français Fabien Sévilla s’est lui classé deux fois troisième. La 3ème édition s’est déroulée le 19 octobre dernier. Gage de réussite, semi-marathon et marche ont attiré encore plus de monde,: une bonne centaine de Français, des Algériens, deux Anglais, un Américain et de nombreux Tunisiens. Deux-cents participants étaient attendus samedi matin au départ du semi-marathon donné à 10h au puits Mathieu, à quelques kilomètres de Douz. Même si certains coureurs locaux n’ont pas donné suite à leur préinscription, le peloton bigarré lâché aux ordres du starter était conséquent et s’est longuement étiré sur les dunes… L’aube du samedi. La première heure du jour est encore fraiche, la nuit noire étoilée a laissé place au bleu marine puis le ciel s’est embrasé, orangé. La lumière est vite devenue blanche, éblouissante et le thermomètre, comme chaque jour, est grimpé à vue d’œil. Après un petit déjeuner matinal et copieux pris à l’hôtel, une préparation minutieuse de son équipement, l’acheminement en 4X4 ordonné au point de départ a été orchestré à 7h30. Le puits Mathieu est isolé dans le désert. Que du sable à perte de vue, dans toutes les directions. Une cuve, un bassin, un simple bâtiment ouvert, vide. La plaque blanche, inscrite en Arabe et en Français « Bir Mathieu, à mon prince du désert » attire l’œil et incite à la pause devant chaque photographe. Un recueil. Chacun puise dans ses pensées, imagine et compatit à la cause. Beaucoup de respect et d’admiration. Puis l’endroit précis localisé s’anime. Les voitures déposent petit à petit par petits paquets la totalité des participants. Il fait déjà chaud. Le portique et les infrastructures de départ sont mises en place. La télévision tunisienne filme et suscite des interviews. L’ombre du bâtiment recueille les plus timorés. On se blottit dans une ombre toujours plus courte, On écoute son entourage. Les plus expérimentés conseillent, on partage des impressions. Tout le monde appréhende l’effort qui va être à fournir. 21 kilomètres dans le sable. A 10 h, la température dépasse 35°. Le parcours est minutieusement balisé. On sait d’où on part mais on ne sait pas où on va, là-bas, de l’autre côté de la dune qui dessine l’horizon. On sait juste qu’il y a 21 kilomètres à parcourir et que, plombé par le soleil, ébloui par le soleil, il va falloir composer avec le sable fin. L’excitation est générale. Echauffement sans doute succinct pour beaucoup, échanges de petits drapeaux pour souligner l’amitié franco-tunisienne, applaudissements généreux. Et le départ est donné. La plupart des coureurs locaux, tous très jeunes, partent en trombe, sans ménagement de monture. Le cheminement de ce qui ressemble à une piste parce qu’il y est passé quelques véhicules tout terrain reste hasardeux. Prohibées les ornières sablonneuses, le coureur encore alerte cherche sur les bas côtés des appuis plus solides, quitte à slalomer entre les arbustes épineux. Le sable fin rend difficile la progression. Il s’insinue dans les chaussures, pénètre les chaussettes et prive vite les orteils recroquevillés de quelques pointures. Entre les premiers et les derniers, la différence est énorme et le peloton s’effile très vite. La chaleur est pesante, elle étouffe et assomme. Dès les premiers mètres, on comprend très vite la difficulté de l’épreuve. On serre les dents. On pense à Mathieu. 21 kilomètres durant, 21 kilomètres pour Mathieu. Les maillots et les tempes s’humectent puis perlent à grosses gouttes. Les ravitaillements en eau et en dattes sucrées sont fréquents, espacés tous les trois kilomètres. Tout cela est parfaitement bien organisé. Boire, humecter une bouche séchée. Dès qu’ils le peuvent, les coureurs se vident aussi des bouteilles entières sur leur crâne brûlant, dans leur dos et sur leurs jambes tétanisées. Dès le lâcher de bipèdes, quelques locomotives tunisiennes, impétueuses étirent le train, avec le souci de se faire remarquer. Omar Selih, Mahdi Brinis, Abdel Berouk sont présomptueux. Ils emmènent avec eux Philippe Rémond, tenu à bien se placer. A 56 ans, le Marseillais se montre toujours aussi fringant. Fabien Sévilla suit à quelques encablures. Le vainqueur des deux premières éditions, Lagaha Mosbah, a pris un départ plus timoré, peut-être encore émoussé par un 100 km couru quinze jours plus tôt et concède une bonne centaine de mètres. Mais le garçon prend vite des tours et ne tarde pas à profiter de l’ambiance ensoleillée pour chauffer son organisme et ses longues jambes effilées. Au cinquième kilomètre, il accélère et fond sur ses rivaux. En tête, le Tunisien poursuit son effort. Les cocottes des adversaires bourrinent dans les cages thoraciques. Lagaha est le favori, il convient de ne pas céder, jusqu’à l’asphyxie. Seul Philippe Rémond accroche la foulée de Lagaha et le duo prend le commandement. Les autres relâchent leur impétueux effort et finiront relégués loin dans le classement. Philippe Rémond sait à qui il a affaire. Le Français tient à sa revanche et, bien en cannes, gère sa course dans la partie le plus sablonneuse. Au quatorzième kilomètre, le parcours traverse une longue palmeraie. L’ombrage n’y est pas total, loin de là, mais le poids du soleil y est moins pesant. Et surtout le sol offre sur deux kilomètres un revêtement ponctuel plus tassé, plus dur, plus tonique. L’adversaire a chaud et a quitté son maillot, il ahane. Philippe force et son allure toujours un peu plus rapide finit par décramponner Lagah. Le Tunisien ne lutte plus, abdique et laisse filer son titre. Fatigué, fracturé au moral peut-être, il relâche et déroule. Il ne saura pas non plus, plus tard, résister au retour d’Abderrahim Zhiou qui, revenu du diable vauvert, viendra au final, lui subtiliser le seconde place. Seul en tête, Philippe Rémond n’a plus qu’à gérer pour gagner la ligne d’arrivée. Il la franchira avec quatre minutes d’avance sur le second, Abderrahim Zhiou, six sur son compagnon d’échappée, adversaire désigné du jour, Lagaha Mosbah. Fabien Sévilla est cette année quatrième. Le porche de l’hôtel, le gouverneur Sami Ghabi, la télévision tunisienne, les bénévoles attachés à l’organisation, le rythme d’une darbouka, la lancinance d’une guita et d’un mezoued résonnants, Eric et Marie, accueillent d’abord en héros le vainqueur du jour comme ils honoreront les dizaines de coureurs éreintés qui vont le suivre. Première féminine, Hendaoui Chefia devance sa compatriote Imen Sassi et la Française Caroline Turpin, toute heureuse de sa performance. Les jambes sont certes un peu lourdes mais le cœur est si léger. La course est ici retranscrite, mais comment les émotions peuvent-elles se raconter ? Il faut les avoir vécues pour se rendre vraiment compte. Samedi soir fut fête. Tunisiens et français sont rentrés chez eux repus, courbatus mais comblés, la tête remplie d’images et de sens, heureux, vidés mais rechargés. Mohamed Essayem, commissaire de l’office du tourisme tunisien, partenaire de l’épreuve, saura, lors de son oratoire au briefing, trouver les mots justes : l’amour d’un enfant perdu a révélé le sentiment d’amitié qui lie les gens, Français et Tunisiens, tous unis dans le même effort. On ne rentre pas de 21 km pour Mathieu comme on en est parti. Trêve de salamalecs. Dans la plus grande discrétion, au bout de leurs forces, Eric et Marie ont bâché leur manège. Rendez-vous est donné le 18 octobre 2020. N’en rêvons pas, faisons ou refaisons-le. Branchez-vous : « associationpourmathieu .fr » et Inch’Allah.
Jules de Singo. Toutes les photos : ICI *-*Transgrancanaria ultra trail 19, combats contre un volcan !
Texte : Brice de Singo, Quelques photos ICI Transgrancanaria ultra trail 19, combats contre un volcan !
Texte : Brice de Singo, Quelques photos ICI Le marathon des Seychelles ou le paradis retrouvé !Un marathon au Seychelles, cela ne se refuse pas. On a tous en mémoire ces images de carte postale de plage immaculée entourée de quelques palmiers tarabiscotés et des rochers immenses de granit rose. Aussi quand on m’a demandé de venir couvrir cet Eco’Friendly marathon, dixième du nom, j’ai bien évidemment dit banco !
C’est ça aussi les Seychelles ! Le marathon des Seychelles ou le paradis retrouvé !Un marathon au Seychelles, cela ne se refuse pas. On a tous en mémoire ces images de carte postale de plage immaculée entourée de quelques palmiers tarabiscotés et des rochers immenses de granit rose. Aussi quand on m’a demandé de venir couvrir cet Eco’Friendly marathon, dixième du nom, j’ai bien évidemment dit banco !
C’est ça aussi les Seychelles ! Runfire Cappadoccia 2016 : entre enfer et paradis !
Brice de Singo (bricero@laposte.net) Runfire Cappadoccia 2016 : entre enfer et paradis !
Brice de Singo (bricero@laposte.net) Les foulées de Mégara 2016 : évasion à la Marsa
Brice de Singo.
Retrouvez toutes les photos des foulées de Mégara 2016 en cliquant ICI *-*Les foulées de Mégara 2016 : évasion à la Marsa
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Retrouvez toutes les photos des foulées de Mégara 2016 en cliquant ICI *-*Iznik ultra trail, un lac, quatre courses et Manu...
Texte : Brice de Singo et d'autres photos en cliquant ICI *-*Iznik ultra trail, un lac, quatre courses et Manu...
Texte : Brice de Singo et d'autres photos en cliquant ICI *-*Liwa Challenge, l'aventure ultime !
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Brice de Singo. Ultra Trail Cappadocia : il était une fois l'Anatolie !
Texte de Brice de Singo. Retrouvez toutes ses photos en cliquant ICI
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*-* François D'Haene survole le 22ème Grand Raid de la Réunion
Toutes les photos de Kris sont ICI , LA ou encore LA Une petite vidéo en cliquant aussi LA *-*François D'Haene survole le 22ème Grand Raid de la Réunion
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Les 10km "Présidente Evo" de la Paz avec François Croci
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Les 13km d'El Diario en Bolivie par Francçois Croci
Les 13km d'El Diario en Bolivie par Francçois Croci
Les aventures d'un Albigeois en Bolivie !François Croci court depuis une dizaine d'année avec des départs pour l'étranger qui ont coupé régulièrement ses entraînements. Il vient de rejoindre la Bolivie pour une poignée d'années. Il se présente et nous raconte le début de son périple ! "Depuis fin 2008, avec ma femme nous avons vécu dans le Tarn à Castres puis à Albi jusqu'à avril 2013. Pendant cette période je me suis entraîné au TSA puis à Carmaux. Au niveau des résultats sportifs, je possède un record sur marathon de 2H50 à San Sebastian en 2011, sur 10km de 35'30 fin 2010. Après le marathon de San Sebastian, j'ai décidé de m'orienter vers le trail en participant au challenge des trails du Sud-Ouest où j'ai terminé 5ème au général en 2012. En 2013, je me suis lancé sur des distances plus longues comme le trail aux étoiles, le Lozère trail et le trail des Hospitaliers (abandon au 60ème kilo)... Puis en décembre 2013, pour des raisons professionnelles, ma femme, mes enfants et moi, nous avons dû partir pour la Bolivie où nous devrions rester plusieurs années et où je compte réaliser des courses sur route et des trails."
Les aventures d'un Albigeois en Bolivie !François Croci court depuis une dizaine d'année avec des départs pour l'étranger qui ont coupé régulièrement ses entraînements. Il vient de rejoindre la Bolivie pour une poignée d'années. Il se présente et nous raconte le début de son périple ! "Depuis fin 2008, avec ma femme nous avons vécu dans le Tarn à Castres puis à Albi jusqu'à avril 2013. Pendant cette période je me suis entraîné au TSA puis à Carmaux. Au niveau des résultats sportifs, je possède un record sur marathon de 2H50 à San Sebastian en 2011, sur 10km de 35'30 fin 2010. Après le marathon de San Sebastian, j'ai décidé de m'orienter vers le trail en participant au challenge des trails du Sud-Ouest où j'ai terminé 5ème au général en 2012. En 2013, je me suis lancé sur des distances plus longues comme le trail aux étoiles, le Lozère trail et le trail des Hospitaliers (abandon au 60ème kilo)... Puis en décembre 2013, pour des raisons professionnelles, ma femme, mes enfants et moi, nous avons dû partir pour la Bolivie où nous devrions rester plusieurs années et où je compte réaliser des courses sur route et des trails."
4ème Trail de Rodrigues : tellement authentique, tellement beau !
Mais du coup, l’enfer ne doit pas être si loin et comme on dit, ne faut-il pas avoir côtoyé le plus dur pour connaître le plus doux ? C’est certainement pour cette raison que quelques passionnés de course à pied ont décidé de mettre sur pied, il y a quelques années un trail décliné en trois distances. Deux petites, ouvertes à tous, pour rassembler le plus possible de monde et pourquoi inciter beaucoup de locaux à se mettre au sport aussi et une grande de
Retrouvez toutes les photos du Trail de Rodrigues en cliquant ICI *-*4ème Trail de Rodrigues : tellement authentique, tellement beau !
Mais du coup, l’enfer ne doit pas être si loin et comme on dit, ne faut-il pas avoir côtoyé le plus dur pour connaître le plus doux ? C’est certainement pour cette raison que quelques passionnés de course à pied ont décidé de mettre sur pied, il y a quelques années un trail décliné en trois distances. Deux petites, ouvertes à tous, pour rassembler le plus possible de monde et pourquoi inciter beaucoup de locaux à se mettre au sport aussi et une grande de
Retrouvez toutes les photos du Trail de Rodrigues en cliquant ICI *-*Nouveau week-end à Tataouine ! Nouveau week-end à Tataouine ! Une reine et un roi kenyans au marathon de Madagascar !Le Marathon International d’Antananarivo a vu le sacre de deux illustres représentants du Kenya, malgré une concurrence malgache résolument fière. Pour sa 13e édition, l’épreuve annuelle de fond de la capitale malgache nous a réservé un beau spectacle, avec en prime un finish empreint de suspense chez les hommes.
Une reine et un roi kenyans au marathon de Madagascar !Le Marathon International d’Antananarivo a vu le sacre de deux illustres représentants du Kenya, malgré une concurrence malgache résolument fière. Pour sa 13e édition, l’épreuve annuelle de fond de la capitale malgache nous a réservé un beau spectacle, avec en prime un finish empreint de suspense chez les hommes.
Le Grand Raid de la Réunion 2012 : quand Kilian s'offre le Maïdo !Cela fait déjà quelques heures que je poireaute dans la montée du Maïdo. Les coureurs du Grand Raid doivent passer par là. Tous. Sans exception. C’est la grande nouveauté de l’année. C’est même pour cela que le parcours a été un poil rallongé.
Les passages de brume succèdent aux passages ensoleillés. L’attente semble hors du temps. A l’instant, vous n’y voyez plus rien. Vous êtes enveloppé de la tête au pied et il vous faut deviner où vous conduira le prochain mètre sur le sentier. L’instant d’après vous êtes projeté sur la totalité du cirque qui s’offre enfin à vous. Vous devinez ainsi facilement La Brèche en contrebas d’où vont surgir les raideurs. Kilian devait passer à 13h30. Il ne sera là qu’à 16h. Attendre. Ronger son frein. Parler avec d’autres passionnés. C’est un grand jour à la Réunion. Tout le monde est prêt à braver la montagne, les éléments, à faire partie de la fête. Chacun connaît cette spécialité qu’est le trail, peut citer le nom des plus grands champions, détailler leur palmarès. C’est impressionnant. Je croise Christophe Jacquerod et sa compagne qui ont décidé, sacs au dos, de descendre tout à fait en bas, vers Roche Plate. Véritable petit paradis, hameau de quelques maisons, niché en plein cœur de Mafate. Accessible que par la sente. Que par la force des mollets. Le Suisse est un ancien vainqueur du Grand Raid. Il l’avait emporté ex-aequo avec Vincent Delebarre. Tous les locaux s’en souviennent encore. Il a donc reçu, tout comme tous les anciens vainqueurs, son invitation pour venir participer à la 20ème édition. Vincent aura pris le départ. Pas lui donc qui se remet tout juste d’une opération à son tendon d’Achille. Ses yeux pétillent tout de même d’un certain amour pour l’île… Il se souvient de sa victoire et de cet engouement local qu’il n’aura jamais plus retrouvé. Jacquerod reste aussi l’un des plus beaux palmarès de la discipline. Et puis bientôt ; c’est la meute. Je vois un homme arc-bouté sur lui-même jusque quelques lacets en contrebas. Les voix se sont élevées dans la montagne, précédant l’arrivée du champion. Il a les mains posées sur les cuisses qui le propulse à chaque impulsion vers le haut. D’ici le rythme parait timide, on a même l’impression qu’il souffre. Mais Kilian avance et ne s’arrête pas. Et à vouloir le suivre quelques kilomètres pour essayer de saisir l’im Kilian s’envole ainsi vers une victoire écrite à l’avance. Quand on le laisse, il est seul. Plus personne ne veut ou ne peut le suivre. Il entame la descente. Quelques kilomètres plus loin, un dernier coureur toutefois lui demande gentiment si ça le dérange qu’il l’accompagne un peu. Il répond : « pas de souci ». Je m’arrête là. La magie du moment est passée. On comprend mieux ainsi comment ce coureur est devenu une légende. A la fois indestructible et tellement humain. Mais que cherche-t-il vraiment ? Jusqu’à où ira-t-il ? Il a déjà tout gagné, battu tous les records. Et il est encore si jeune. Peut-être un absolu total qui peut le porter vers des horizons que nous n’osons même pas imaginer ? Mais cela est une autre histoire… Bientôt passeront Iker qui abandonnera plus loin, Antoine Guillon qui à sa manière de gestionnaire de génie, a réussi finalement à prendre la deuxième place, encore une fois, Sébastien Buffard, qui stoppera aussi et puis Arnaud Lejeune, magnifique troisième au final ! La nuit commence à tomber. Pour beaucoup de coureurs, la montée du Maïdo se fera donc dans le noir. C’est peut-être pas plus mal après tout. Ne pas voir la difficulté, c’est déjà la dompter un peu…. Moi je repars vers le départ de l’autre course du week-end, la Mascareignes et ses 63km, du côté de Grand Ilet, à l’opposée d’ici… Mais c’est une autre histoire aussi. Cet après-midi passée à crapahuter avec les meilleurs traileurs du monde restera à jamais gravée dans ma mémoire. C’est la magie du Grand Raid de la Réunion. Une ambiance extraordinaire parée d’une convivialité sans borne… C’est le nec plus ultra ! Pourvu que cela puisse perdurer ainsi encore quelques décennies…
Retrouvez toutes les photos du Grand Raid 2012 en cliquant ICI *-*Le Grand Raid de la Réunion 2012 : quand Kilian s'offre le Maïdo !Cela fait déjà quelques heures que je poireaute dans la montée du Maïdo. Les coureurs du Grand Raid doivent passer par là. Tous. Sans exception. C’est la grande nouveauté de l’année. C’est même pour cela que le parcours a été un poil rallongé.
Les passages de brume succèdent aux passages ensoleillés. L’attente semble hors du temps. A l’instant, vous n’y voyez plus rien. Vous êtes enveloppé de la tête au pied et il vous faut deviner où vous conduira le prochain mètre sur le sentier. L’instant d’après vous êtes projeté sur la totalité du cirque qui s’offre enfin à vous. Vous devinez ainsi facilement La Brèche en contrebas d’où vont surgir les raideurs. Kilian devait passer à 13h30. Il ne sera là qu’à 16h. Attendre. Ronger son frein. Parler avec d’autres passionnés. C’est un grand jour à la Réunion. Tout le monde est prêt à braver la montagne, les éléments, à faire partie de la fête. Chacun connaît cette spécialité qu’est le trail, peut citer le nom des plus grands champions, détailler leur palmarès. C’est impressionnant. Je croise Christophe Jacquerod et sa compagne qui ont décidé, sacs au dos, de descendre tout à fait en bas, vers Roche Plate. Véritable petit paradis, hameau de quelques maisons, niché en plein cœur de Mafate. Accessible que par la sente. Que par la force des mollets. Le Suisse est un ancien vainqueur du Grand Raid. Il l’avait emporté ex-aequo avec Vincent Delebarre. Tous les locaux s’en souviennent encore. Il a donc reçu, tout comme tous les anciens vainqueurs, son invitation pour venir participer à la 20ème édition. Vincent aura pris le départ. Pas lui donc qui se remet tout juste d’une opération à son tendon d’Achille. Ses yeux pétillent tout de même d’un certain amour pour l’île… Il se souvient de sa victoire et de cet engouement local qu’il n’aura jamais plus retrouvé. Jacquerod reste aussi l’un des plus beaux palmarès de la discipline. Et puis bientôt ; c’est la meute. Je vois un homme arc-bouté sur lui-même jusque quelques lacets en contrebas. Les voix se sont élevées dans la montagne, précédant l’arrivée du champion. Il a les mains posées sur les cuisses qui le propulse à chaque impulsion vers le haut. D’ici le rythme parait timide, on a même l’impression qu’il souffre. Mais Kilian avance et ne s’arrête pas. Et à vouloir le suivre quelques kilomètres pour essayer de saisir l’im Kilian s’envole ainsi vers une victoire écrite à l’avance. Quand on le laisse, il est seul. Plus personne ne veut ou ne peut le suivre. Il entame la descente. Quelques kilomètres plus loin, un dernier coureur toutefois lui demande gentiment si ça le dérange qu’il l’accompagne un peu. Il répond : « pas de souci ». Je m’arrête là. La magie du moment est passée. On comprend mieux ainsi comment ce coureur est devenu une légende. A la fois indestructible et tellement humain. Mais que cherche-t-il vraiment ? Jusqu’à où ira-t-il ? Il a déjà tout gagné, battu tous les records. Et il est encore si jeune. Peut-être un absolu total qui peut le porter vers des horizons que nous n’osons même pas imaginer ? Mais cela est une autre histoire… Bientôt passeront Iker qui abandonnera plus loin, Antoine Guillon qui à sa manière de gestionnaire de génie, a réussi finalement à prendre la deuxième place, encore une fois, Sébastien Buffard, qui stoppera aussi et puis Arnaud Lejeune, magnifique troisième au final ! La nuit commence à tomber. Pour beaucoup de coureurs, la montée du Maïdo se fera donc dans le noir. C’est peut-être pas plus mal après tout. Ne pas voir la difficulté, c’est déjà la dompter un peu…. Moi je repars vers le départ de l’autre course du week-end, la Mascareignes et ses 63km, du côté de Grand Ilet, à l’opposée d’ici… Mais c’est une autre histoire aussi. Cet après-midi passée à crapahuter avec les meilleurs traileurs du monde restera à jamais gravée dans ma mémoire. C’est la magie du Grand Raid de la Réunion. Une ambiance extraordinaire parée d’une convivialité sans borne… C’est le nec plus ultra ! Pourvu que cela puisse perdurer ainsi encore quelques décennies…
Retrouvez toutes les photos du Grand Raid 2012 en cliquant ICI *-*Runfire Cappadocia : entre paradis et enfer !!
Après deux éditions disputées en 2010 et 2011 le long de la voie lycienne sur les rivages méditerranéens du sud de la Turquie, l'aventure s’est perpétuée cette année dans un autre royaume, la Cappadoce. L’organisation, dirigée par le docteur Taner Damci, réglée comme du papier musique que distillerait un orgue de barbarie, sait livrer de formidables prestations. Elle a créé cette année le Runfire Cappadocia Ultra Marathon, une course mobile, itinérante courue en six étapes sur 240 km au sein d'un site historique considéré comme un héritage culturel unique sur notre bonne Terre, celle que l’on aime tant fouler. Elle a offert aux participants la chaleur du désert, l'atmosphère mystique d’un décor hors normes et un environnement naturel aussi surprenant que varié. Ce fut beau, très beau, aussi beau que difficile.
*-* Runfire Cappadocia : entre paradis et enfer !!
Après deux éditions disputées en 2010 et 2011 le long de la voie lycienne sur les rivages méditerranéens du sud de la Turquie, l'aventure s’est perpétuée cette année dans un autre royaume, la Cappadoce. L’organisation, dirigée par le docteur Taner Damci, réglée comme du papier musique que distillerait un orgue de barbarie, sait livrer de formidables prestations. Elle a créé cette année le Runfire Cappadocia Ultra Marathon, une course mobile, itinérante courue en six étapes sur 240 km au sein d'un site historique considéré comme un héritage culturel unique sur notre bonne Terre, celle que l’on aime tant fouler. Elle a offert aux participants la chaleur du désert, l'atmosphère mystique d’un décor hors normes et un environnement naturel aussi surprenant que varié. Ce fut beau, très beau, aussi beau que difficile.
*-* Une nouvelle station de Trail dans le Vercors...
Renseignements Station de Trail du Vercors: Office de Tourisme de Villard de Lans
Une nouvelle station de Trail dans le Vercors...
Renseignements Station de Trail du Vercors: Office de Tourisme de Villard de Lans
Sur les traces du Trail du "Petit train de la Haute-Somme"
Brice de Singo (bricero@laposte.net)
Sur les traces du Trail du "Petit train de la Haute-Somme"
Brice de Singo (bricero@laposte.net)
Vincent Rivoire, héros de la Transmartinique 2011
Entre les ballades à la découverte de l’ile et de ses habitants, j’en profite pour faire deux petites reconnaissances du parcours. A J-4, nous allons avec Rémy Jégard sur la côte vers Cap Chevalier, alternance de petites criques de sable, de forêt littorale boueuse, d’escarpements rocheux et de landes, nous y croisons Régis et Christine Coumenges, le monde des Ultra-trailers est petit ...
Vincent Rivoire Vincent Rivoire, héros de la Transmartinique 2011
Entre les ballades à la découverte de l’ile et de ses habitants, j’en profite pour faire deux petites reconnaissances du parcours. A J-4, nous allons avec Rémy Jégard sur la côte vers Cap Chevalier, alternance de petites criques de sable, de forêt littorale boueuse, d’escarpements rocheux et de landes, nous y croisons Régis et Christine Coumenges, le monde des Ultra-trailers est petit ...
Vincent Rivoire Trail de Rodrigues : l'entrée du paradis...
Trail de Rodrigues : l'entrée du paradis...
Grand raid de la Réunion : faut-il vraiment être fou ?
Alors moi qui trottine encore du côté du Volcan, en pleine nuit, avec ma frontale pour seule compagne, je me suis trouvé quelques raisons. Si je suis là en ce moment, c’est avant tout pour vivre un moment d’exception, hors du temps. Le départ en fait partie. Il marque les esprits pour une vie entière. Agglutinés des heures entières sur une zone de départ d’où l’on ne peut plus sortir, comme emprisonnés de nos émotions, on sent la pression qui monte de minute en minute. Comme palpable. On essaye de fermer les yeux pour prendre encore quelques instants de sommeil à la volée. Mais cela n’est pas évident, la musique est trop forte. On dit bonjour à quelques connaissances. On n’ose pas trop discuter non plus histoire de ne pas disperser ses forces inutilement. Et à moins d’une heure du coup d’envoi, tout le monde se met debout. Comme un seul homme. Les cordes qui nous bloquaient jusque-là ont été retirées. On s’agglutine vers le sas de départ. L’entrée du stade. Mais il reste encore une bonne heure. Pourquoi si tôt ? Les minutes s’égrainent sur une horloge géante. Les regards se croisent, les sourires sont timides, mais bien réelles. On devient tous plus humains. Il n’y a pas plus de frontières, de culture, de religions, ni de différences sociales. Le groupe musical local qui nous a enthousiasmé jusque-là stoppe soudainement. Plus que deux minutes. Le titre phare de la chanteuse Adèle que l’on entend sur les ondes un peu partout actuellement nous transperce le corps. J’ai des frissons. La chair de poule. Je pense aux miens. A ma compagne qui est déjà repartie et que je ne reverrais que demain soir. A ma fille de cinq ans qui est restée en métropole. Tout cela vous submerge d’un coup. D’un seul. Et à moins d’une minute de la libération, vous vous prenez à essuyer une larme. Cet instant est magique, éternel… inoubliable ! Comme une bouffée d’émotion à l’état pur. On est si petit face à la souffrance à venir. Merci Grand Raid pour ce moment qui n’appartient qu’à moi et qui, je suis sûr, ressemble à tant d’autres autour de moi. On frappe dans la main de son voisin. « Allez bon courage ! » Et c’est parti. Tout de suite à fond pour les premiers. Nous on piétine, on essaye de ne pas tomber. Ca crie de tous les côtés… La Diagonale des Fous vient de démarrer. Il est 22h précises. Qu’est-ce que je fais là ? Je suis donc dingue… La suite est encore à écrire…Il y a plein de petits moments comme celui-ci qui jonchent les sentiers que nous allons prendre durant 30h, 40h, 50h… Une parole échangée avec un coureur, un lever ou un coucher de soleil, un rire de bénévole, un encouragement d’un spectateur inconnu, quelques mètres aux-côtés d’un enfant qui court aussi, l’embrassade d’une grand-mère, un souvenir qui remonte à la surface, une musique qui trotte dans la tête. Et puis surtout l’arrivée et son flot d’émotions incontrôlées. Pour ceux qui terminent bien sûr ! C’est pour tout cela que l’on s’inscrit en fait. Et pour bien plus encore. Alors qu’importe qu’il soit plus grand, plus long, plus dur et j’en passe, puisque de toute façon le succès ne se dément pas et que cela fait plus de 20 ans que ça dure. R.J. Grand raid de la Réunion : faut-il vraiment être fou ?
Alors moi qui trottine encore du côté du Volcan, en pleine nuit, avec ma frontale pour seule compagne, je me suis trouvé quelques raisons. Si je suis là en ce moment, c’est avant tout pour vivre un moment d’exception, hors du temps. Le départ en fait partie. Il marque les esprits pour une vie entière. Agglutinés des heures entières sur une zone de départ d’où l’on ne peut plus sortir, comme emprisonnés de nos émotions, on sent la pression qui monte de minute en minute. Comme palpable. On essaye de fermer les yeux pour prendre encore quelques instants de sommeil à la volée. Mais cela n’est pas évident, la musique est trop forte. On dit bonjour à quelques connaissances. On n’ose pas trop discuter non plus histoire de ne pas disperser ses forces inutilement. Et à moins d’une heure du coup d’envoi, tout le monde se met debout. Comme un seul homme. Les cordes qui nous bloquaient jusque-là ont été retirées. On s’agglutine vers le sas de départ. L’entrée du stade. Mais il reste encore une bonne heure. Pourquoi si tôt ? Les minutes s’égrainent sur une horloge géante. Les regards se croisent, les sourires sont timides, mais bien réelles. On devient tous plus humains. Il n’y a pas plus de frontières, de culture, de religions, ni de différences sociales. Le groupe musical local qui nous a enthousiasmé jusque-là stoppe soudainement. Plus que deux minutes. Le titre phare de la chanteuse Adèle que l’on entend sur les ondes un peu partout actuellement nous transperce le corps. J’ai des frissons. La chair de poule. Je pense aux miens. A ma compagne qui est déjà repartie et que je ne reverrais que demain soir. A ma fille de cinq ans qui est restée en métropole. Tout cela vous submerge d’un coup. D’un seul. Et à moins d’une minute de la libération, vous vous prenez à essuyer une larme. Cet instant est magique, éternel… inoubliable ! Comme une bouffée d’émotion à l’état pur. On est si petit face à la souffrance à venir. Merci Grand Raid pour ce moment qui n’appartient qu’à moi et qui, je suis sûr, ressemble à tant d’autres autour de moi. On frappe dans la main de son voisin. « Allez bon courage ! » Et c’est parti. Tout de suite à fond pour les premiers. Nous on piétine, on essaye de ne pas tomber. Ca crie de tous les côtés… La Diagonale des Fous vient de démarrer. Il est 22h précises. Qu’est-ce que je fais là ? Je suis donc dingue… La suite est encore à écrire…Il y a plein de petits moments comme celui-ci qui jonchent les sentiers que nous allons prendre durant 30h, 40h, 50h… Une parole échangée avec un coureur, un lever ou un coucher de soleil, un rire de bénévole, un encouragement d’un spectateur inconnu, quelques mètres aux-côtés d’un enfant qui court aussi, l’embrassade d’une grand-mère, un souvenir qui remonte à la surface, une musique qui trotte dans la tête. Et puis surtout l’arrivée et son flot d’émotions incontrôlées. Pour ceux qui terminent bien sûr ! C’est pour tout cela que l’on s’inscrit en fait. Et pour bien plus encore. Alors qu’importe qu’il soit plus grand, plus long, plus dur et j’en passe, puisque de toute façon le succès ne se dément pas et que cela fait plus de 20 ans que ça dure. R.J. | ||